Professionnel du cinéma, producteur, réalisateur, scénariste, acteur, il avoue ne pas avoir beaucoup de temps pour ses activités privées.

Il court toujours derrière le temps. Il court, à la poursuite de ses rêves: assurer la relève. D’ici deux à trois ans, Ebenezer Kepombia sera rare sur le terrain, rare devant les caméras, présent derrière. Le temps de mouler son équipe de jeunes collaborateurs dynamiques et de les amener à être autonomes, même s’il restera producteur toute sa vie. Mais pour le moment, il profite encore du succès de « Madame, Monsieur », la série camerounaise plébiscitée au-delà des frontières depuis son lancement en 2020.

Le dernier épisode diffusé en septembre 2022, sur la chaine internationale A+, n’est pas la fin de l’histoire, ni du stress: « J’ai la pression du public, de mes employés, de tous les techniciens avec qui je collabore et qui me disent “tu te reposes quand? Nous on fait comment?” », reconnait-il. Mais Ebenezer Kepombia continue de courir. Devant et derrière la caméra…Au four et au moulin.

Depuis près d’une vingtaine d’années maintenant, au début des années 2000, le public l’a découvert sous les traits de “Mitoumba” dans la série qu’il avait créée, « Les Déballeurs », sur la chaine de télévision privée camerounaise Canal 2.

« J’ai la pression du public, de mes employés, de tous les techniciens avec qui je collabore et qui me disent "tu te reposes quand ? Nous on fait comment ?" »

Aujourd’hui, après des dizaines d’œuvres écrites, jouées, réalisées ou produites, l’auteur est toujours autant occupé, au point où les occupations privées sont réduites à leur plus simple expression. « J’avoue que je n’ai pas trop de temps pour mes proches. Je n’ai pas trop de temps pour les balades, pour ma famille. Je suis tout le temps sur les plateaux, en voyage parce qu’il faut aller dans les festivals ou les marchés de films. Je pense que le cinéma m’absorbe et m’a séparé même de beaucoup d’amis. Parce que je n’ai pas le temps de leur rendre visite. Ça m’occupe trop car, je suis au début, au milieu et à la fin de toutes mes œuvres, pré-production, production, post-production et distribution. Je travaille en permanence », explique E. Kepombia. Alors, dès qu’il a un temps libre, le père divorcé le consacre en grande partie à ses enfants, un peu aux membres de la famille, à quelques amis…et à ses plantations. Sans compter qu’en raison de sa popularité, il n’est pas vraiment aisé d’aller dans des lieux publics sans voir ses faits et gestes épiés.

« Je suis tout le temps sur les plateaux, en voyage parce qu’il faut aller dans les festivals ou les marchés de films »

Alors il se replonge dans le travail, très occupé à être toujours up-to-date. À être à la pointe des nouvelles technologies, dont Ebenezer Kepombia apprécie l’avènement. Pour lui, l’évolution du cinéma camerounais s’appuie sur deux choses: les nouvelles technologies qui ont facilité le travail de la réalisation au pays; une jeunesse entreprenante et rêveuse. Une jeunesse dont la créativité et la maîtrise des nouveaux outils ont contribué à améliorer la qualité des productions locales. Ces productions, de l’avis de « Mitoumba », n’ont rien à envier à Nollywood, l’industrie cinématographique du Nigéria voisin. Elle bénéficie de deux avantages: sa démographie, près de dix fois la population du Cameroun, potentiel marché pour la consommation des œuvres; l’anglais, la langue la plus répandue dans le monde. D’ailleurs, la série « Madame, Monsieur » a été traduite en anglais pour conquérir des marchés. Kepombia a l’art de savoir s’adapter. Une qualité nourrie par son premier métier: l’enseignement. Oui, Ebenezer Kepombia est professeur d’Allemand à la base. Voilà 23 ans qu’il performe au cinéma. Et sa fibre d’enseignant est restée: le « maitre » qui aime transmettre.