Entre trois tableaux. La mode, le cinéma et l’entreprenariat, elle vit ses passions. Jamais loin de sa famille…

KM: Comment vos valeurs familiales ont-elles aidé à sculpter la belle femme que vous êtes aujourd’hui?

JSE : J’ai cinq sœurs et trois frères. Ma mère est commerçante et mon père enseignant, Vice-recteur à l’université de Garoua. Ils m’ont éduqué dans la rigueur, le travail et la discipline. Ce n’était pas toujours facile pour moi, car j’étais l’électron libre de la famille. J’étais l’enfant la plus opiniâtre, mais brave à l’école. Une jeune fille curieuse, passionnée, active et très impliquée dans les activités culturelles de mon lycée (lycée d’Akwa). J’ai été membre de plusieurs clubs au lycée dont tout naturellement celui de la mode. J’ai été élue présidente de la coopérative en classe de Terminale, après avoir été miss de mon lycée l’année précédente en classe de première, j’étais très active et j’avais les prédispositions naturelles pour réussir à faire tout à la fois.

KM: À quel moment avez-vous décidé de revêtir votre tenue de mannequin et d’en faire un métier?

JSE :Miss Cameroun est un rêve d’enfance qui s’est réalisé. J’aspirais à devenir une femme importante. J’avais beaucoup à offrir. J’ai toujours voulu être célèbre et apporter un petit plus pour faire briller mon pays. Le canal le plus évident pour y parvenir était d’être élue « Miss Cameroun ». Je n’avais jamais imaginé qu’au cours de ce parcours, je deviendrai actrice. C’était la voie du Seigneur. J’ai un peu abandonné mon rêve initial pour me concentrer sur le cinéma et aux métiers de la télévision. Cependant, il y avait toujours ce goût d’inachevé. Je ressentais le besoin de faire du mannequinat.

« Miss Cameroun est un rêve d’enfance »

KM: Pour devenir Miss Cameroun, quelles épines avez-vous dû enlever de votre couronne?

JSE : Le premier défi était de faire accepter à mes fans, ma passion pour la mode. C’était une surprise pour eux. Ma candidature a suscité beaucoup d’avis controversés. Pour y faire face, j’ai travaillé mon mental. J’ai certes craqué quelques fois, déprimé, mais j’ai toujours réussi à me ressaisir. Et puis, je ne pouvais en vouloir à personne, chacun est libre de s’exprimer. Mais, c’est nous qui choisissons la manière dont les événements nous affectent.

KM: Au-delà du chic et du glamour, trouvez-vous un peu d’espace pour vous consacrer à l’éducation des jeunes camerounais?

JSE : Une miss, ce n’est pas que des paillettes et du make-up. Elle a des valeurs à transmettre, des actions sociales et des combats à mener pour bâtir une société plus juste et inclusive.

Les concours de beauté en Afrique devraient être encadrés parce que nous sommes dans un contexte où la jeune fille perd de plus en plus ses repères. Participer à des concours de ce genre, permet de développer son esprit de compétitivité et ses aptitudes. En découvrir d’autres, s’ouvrir au monde et gagner en estime

« Une miss, ce n'est pas que des paillettes et du make-up »

KM: Après avoir gravi la plus haute marche du podium à « Miss Cameroun », quelles couleurs, à votre avis, peuvent relever l’éclat de cet évènement

JSE : Je pense que tout réside d’abord dans la communication. Il faudrait d’abord faire comprendre au public camerounais, ce que c’est qu’une Miss. Beaucoup, y compris des mannequins, ne comprennent pas le rôle d’une reine de beauté dans une société. Le management bat encore de l’aile. Tout devrait être pris en compte pour que la Miss soit quasiment irréprochable, car c’est elle la vitrine de son pays. Le Comica travaille et prend en compte les suggestions, on ne peut donc pas dire que la machine ne tourne pas.

KM: Vous avez aussi crevé l’écran dans la série télévisée « Madame…Monsieur », racontez-nous les débuts de cette expérience…

JSE: Mon ami Abdou Zoeh, m’a présenté à Cynthia Elisabeth comme un potentiel profil dans le cadre d’un projet sur lequel elle travaillait avec le label Black films. Elle me fera passer un casting très rapide et improvisé. J’ai écouté mon instinct et il m’a conduit dans un projet pour lequel j’étais tête d’affiche. Dès lors, je découvre cette nouvelle passion dans laquelle je n’ai pas eu du mal à m’intégrer. Les sollicitations se sont enchainées jusqu’à la dernière saison de « Madame Monsieur », d’Ebenezer Kepombia.

KM: Vous avez créé une fondation qui mène de nombreuses activités, quelles sont vos rêves et vos actions prioritaires?

JSE : La JUSAFO (Julia Samantha Fondation) est née de la volonté d’aider, de donner du sourire et d’apporter ma petite contribution à l’humanité. Le projet est associé à mon mandat de Miss Cameroun. Il s’inscrit dans le cadre de la promotion de la santé mentale à travers des actions de sensibilisations. Ce n’est pas facile, on a besoin de financements. Mon équipe et moi, faisons le maximum pour que les missions de JUSAFO soient accomplies auprès des populations cibles.

KM: Quels sont vos défis pour les prochaines années?

JSE : Le défi d’être maman. On ne sait jamais quand on est réellement prête, on est consciente que c’est une étape à franchir, on le souhaite d’ailleurs, car c’est une grâce. Mais être mère est un statut susceptible de tout bouleverser dans la vie, sur tous les plans. Quand on est une personnalité publique, ce choix est beaucoup plus compliqué. Cela implique des sacrifices pour garder son équilibre, loin des lumières de la gloire. De toute façon, la vie est faite d’étapes et de défis, c’est ce qui la rend si intéressante. Si belle…

KM: Que devient la vie sans la couronne?

JSE : Je n’ai sans doute pas été la Miss Cameroun que beaucoup attendaient. Je n’étais pas la candidate parfaite, ils ont raison de le penser, mais je n’avais aucune raison de me dire que je ne pouvais pas être à la hauteur. J’ai travaillé dans le calme et la confiance. J’ai fait de mon mieux, j’ai réalisé mon rêve et j’en suis fière. D’autres jeunes femmes après moi, réaliseront les leurs à travers la couronne de Miss Cameroun. A chacun son moment, à chacune sa couronne.